26/08/2015

Une cathédrale à la gloire du chianti

A visiter à partir de notre charmant domaine Antinori B&B

http://zamorano-villas.be/fr/italie/toscane/chianti/domaine-de-charme-avec-restaurant/antinori-b%26b/?pacchetto=4572
GUY DUPLAT Publié le - Mis à jour le 
ARTS VISUELS
Le vin est proche de devenir une nouvelle religion. Et dans de nombreux grands domaines du monde, les architectes les plus prestigieux ont été invités à construire des chais, les nouvelles églises du XXIe siècle.
En dessous de Florence, le long de la route Florence-Sienne, on découvre au sommet des merveilleuses collines du Chianti striées de rangées de vignes, le nouveau siège central, la Cantina, des vins Antinori, inaugurée il y a deux ans.
De la route, on ne voit qu’une longue structure métallique, un nuage d’acier corten semblant flotter au-dessus des vignes. Une route sinueuse grimpe et pénètre au sein de la colline même, dans un vaste édifice enterré, en béton de couleur ocre (mélangé à l’oxyde fer). Des grandes ouvertures rondes, comme des coupoles, font entrer la lumière du jour.
Si le chianti en Toscane est une religion, le marquis Piero Antinori, 80 ans, en est le pape. Sa famille cultive des vignobles, dont le chianti classico depuis 600 ans (26 générations) et elle possède toujours, au cœur de Florence, un impressionnant palais construit par Giuliano da Maiano en 1506.
Piero Antinori a largement contribué à redonner au chianti, longtemps dévalorisé, de nouvelles lettres de noblesse, et il a voulu s’offrir ce centre prestigieux, comme une "vitrine". Il a choisi les architectes florentins d’Archea Associati et un de leurs fondateurs Marco Casamonti pour bâtir dans la colline et les vignes un QG et des chais sur près de 50 000 mètres carrés : bureaux, musée, magasin, restaurant, mais aussi véritable usine avec des caves à température constante, faites de sinusoïdes géantes d’acier recouvertes de briques de terracotta qui abritent des milliers de tonneaux de chêne et des dizaines d’immenses cuves à fermentation. On y produit plus d’un million de bouteilles par an.
Prix Mies van der Rohe
Le coût de cette Cantina est de 120 millions d’euros dont 75 % payés par la famille Antinori et le solde par les subsides européens. Marco Casamonti voulait d’emblée inscrire le bâtiment dans le paysage, l’y faire quasi disparaître. Il explique avoir été inspiré par les tableaux de Luigi Fontana (entaillant la toile) et a tailladé de même la colline pour y enfouir l’essentiel du bâtiment, tout en préservant de grands puits de lumière et en surmontant le tout d’une grande vague d’acier corten rouillé. L’architecture sobre mais spectaculaire lui a valu d’être finaliste du dernier prix européen d’architecture Mies Van der Rohe.
Les travaux commencèrent en 2004 mais se heurtèrent vite à de gros problèmes de stabilité des sols qui ont fait doubler le prix du projet et retardé l’ouverture à 2013. On a dû y planter 17 000 pieux. Les chais, véritable "usine à vin" enfouie dans la colline, ont été recouverts à nouveau de vignes et d’oliviers qui peinent à pousser dans une faible couche de terre et de pierre.
Contemplation
Le visiteur, ayant parqué sa voiture dans le sous-sol, peut monter vers l’entrée par un grand escalier d’acier corten en spirale et asymétrique : une vraie prouesse d’ingénieur. Il arrive alors au niveau du haut de la colline et voit devant lui le paysage de Toscane, la plus belle œuvre d’art de l’homme, juge le couturier anglais Paul Smith.
Une très longue canopée couleur rouille suit toute la colline et protège, en dessous, les bureaux administratifs en verre, acier et terracotta avec des sculptures contemporaines (Yona Friedman, Thomas Saraceno). Comme un "bateau" posé sur la terre. "Nous sommes dans une relation de contemplation avec le paysage naturel plus que dans un rapport d’émulation", explique Marco Casamonti. Une prouesse d’harmoniser un bâtiment aussi grand avec la nature et de le rendre à la fois très visible (le "branding" d’Antinori) et quasi invisible. "Ceci est notre pétrole", dit encore Marco Casamonti; la grande ressource de la région est son paysage et son architecture.
Et les Frescobaldi
Ces chais sont une réponse à ceux qu’a construits auparavant le grand concurrent florentin des Antinori, le marquis de Frescobaldi, avec les grands architectes romains Piero Sartogo et Nathalie Grenon. Situés un peu plus loin, plus proches de la côte, ces chais sont magnifiques aussi et leurs architectes ne sont pas loin de penser que ceux d’Antinori ont été largement inspirés par les leurs !
A la nouvelle Cantina Antinori, on peut visiter une large partie du bâtiment supérieur, son musée, son magasin, le petit restaurant installé là, et surtout admirer son allure générale et son implantation dans les collines. On peut aussi visiter une petite expo d’art contemporain. Pour voir les caves, les chais eux-mêmes et un film un peu kitsch à la gloire de la famille Antinori, il faut s’inscrire à une visite guidée payante en italien ou en anglais.
En admirant l’escalier torsadé et le reflet des collines dans les grandes baies vitrées, on a bien le sentiment que le vin est devenu une religion et que l’architecture est à son service pour bâtir ses églises.
"The Antinory Winery in Chianti classico", Bargino, le long de l’autoroute Florence-Sienne, infos : www.antinorichianticlassico.it